L’aide au développement sauve des vies

Alors que les 1% des plus riches ont capté plus de 82% de la richesse mondiale l’année dernière et que les plus pauvres n’en ont eu que des miettes, les Etats ont à leur disposition un instrument unique pour mieux redistribuer ces richesses et corriger les inégalités croissantes dans le monde, entre les Etats et au sein de ceux-ci : l’aide au développement.

Quelques chiffres clés démontrent aujourd’hui de l’efficacité de l’aide au développement

  • · Elle a contribué à diviser par deux l’extrême pauvreté en seulement vingt ans. Eradiquer l’extrême pauvreté d’ici à 2030 est une question de volonté politique !
  • · Le renforcement des systèmes de santé dans les pays en développement a permis de faire chuter le nombre de décès d’enfants de moins de 5 ans de 12,6 millions en 1990 à 5,6 millions en 2016 [1]. La polio, qui affectait encore 350 000 personnes à la fin des années 1990, est sur le point d’être éradiquée.
  • · Le partenariat mondial pour l’éducation a permis à 72 millions d’enfants d’aller à l’école entre 2002 et 2015 [2].
  • · La distribution de plus de 798 millions de moustiquaires a permis de réduire le taux de décès liés au paludisme de plus de 50 % entre 2000 et 2015 [3].
  • · Le Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme, dont la France est le 2e contributeur, a permis de faire reculer la tuberculose et ainsi éviter le décès de 49 millions de personnes [4] – l’équivalent de la population du Kenya.

La France toujours mauvaise élève de l’aide au développement

Malgré l’efficacité avérée de l’aide publique au développement, la France reste un des mauvais élèves de la scène internationale. Alors que depuis les années 1970 la France s’est engagée à allouer 0,7 % de son revenu national à l’aide au développement, elle n’y consacre encore que 0,38 %. 5e puissance économique mondiale, la France n’est que le 12e pays contributeur d’aide au développement en proportion de sa richesse nationale. Elle est devancée par de nombreux voisins européens comme le Royaume-Uni, l’Allemagne, le Danemark et la Turquie !

Alors que l’actualité est marquée depuis des années par la multiplication des crises en Méditerranée, au Sahel et au Moyen Orient, ou de sécheresses et famine en Afrique de l’Est, la France n’accordait en 2015 que 36 millions d’euros d’assistance humanitaire aux victimes de conflits ou de catastrophes naturelles : si des engagements ont été pris pour porter ce montant à 100 millions d’euros en 2018, et 500 millions d’euros en 2022, on reste loin des 1,5 milliard d’euros que le Royaume uni a pu y consacrer en 2015.

Un budget 2018 qui ne répond pas aux attentes

Après des années de coupes budgétaires de l’aide au développement, le Président Macron s’est enfin engagé à augmenter l’aide publique au développement afin qu’il représente 0,55 % de son RNB en 2022.

Mais il reste bien en dessous de l’objectif des 0,7 % internationalement reconnu. Et, force est de constater que le budget 2018 demeure bien inégal : sur 100 euros de budget général, seulement 60 centimes vont à l’aide internationale alors que près de 10 euros sont accordés à la défense. Alors qu’Emmanuel Macron s’est engagé à débloquer 6 milliards d’euros supplémentaires par an pour l’aide au développement d’ici la fin de son quinquennat [5] , cela demeure une goutte d’eau par rapport aux 300 milliards d’euros promis à la défense d’ici 2025.

Pourtant les sources de financement existent: si la France luttait efficacement contre l’évasion fiscale à l’échelle nationale, il pourrait bénéficier de 60 à 80 milliards d’euros supplémentaires, soit dix fois le montant total actuel de l’aide au développement française ! Par ailleurs, en taxant la majorité des transactions financières, tout en en augmentant l’affectation et le taux de la taxe française sur les transactions financières, la France pourrait dégager au moins 7,5 milliards d’euros pour le développement et la lutte contre le changement climatique.

Parce que défendre l’aide publique au développement, c’est lutter durablement contre la pauvreté, Oxfam France mobilise le pouvoir citoyen afin d’obtenir moyens nécessaires pour changer des vies – qui en changeront d’autres à leur tour.