Soutien des banques françaises aux fossiles et renouvelables

Quand le vert vire au noir

Moins d'un mois avant le sommet sur le climat à Paris (COP21), Oxfam France et les Amis de la Terre France publient le rapport "Banques françaises : quand le vert vire au noir" qui révèle l’écart abyssal entre les soutiens des principales banques françaises aux énergies fossiles et aux énergies renouvelables. 

Les organisations, qui pointent particulièrement BNP Paribas, 1ère banque française et 5ème banque internationale en termes de soutiens aux énergies fossiles, appellent le secteur bancaire français à un sursaut salutaire vers une sortie des fossiles en s’engageant avant la COP21 à arrêter leurs soutiens climaticides, à commencer par ceux au charbon.

Depuis le sommet sur le climat de Copenhague en 2009, les cinq plus grandes banques françaises – BNP Paribas, Société Générale, Crédit Agricole, BPCE et Crédit Mutuel-CIC – ont soutenu les énergies fossiles à hauteur de 129 milliards d’euros, contre  seulement 18 milliards d’euros aux  énergies renouvelables.

« La transition énergétique ne pourra se faire sans une sortie définitive des énergies fossiles et une réorientation des financements aux énergies renouvelables et à l’efficacité énergétique.Lorsque, pour un euro versé aux énergies renouvelables par les banques françaises, sept euros sont consacrés aux fossiles, on ne va clairement pas dans le bon sens »  explique Alexandre Naulot, responsable de plaidoyer sur les questions financières à Oxfam France qui poursuit : « Quand on sait que les cinq prochaines années seront cruciales pour infléchir la hausse des températures, les banques françaises doivent dès maintenant opérer un virage à 180° en sortant des fossiles à commencer par le charbon, et en finançant réellement la transition énergétique.»

Les ONG révèlent des chiffres accablants pour toutes les banques passées en revue, avec un constat des plus sévères pour BNP Paribas : avec 6 milliards de dollars de soutiens aux énergies renouvelables depuis 2009, et 57 milliards de dollars dans les  énergies fossiles, soit 9 fois plus, BNP Paribas est la 5ème banque fossile au niveau international. Elle est, de loin, la première banque fossile française, avec plus de 20 milliards de dollars de plus en direction des énergies fossiles comparée à ses concurrentes directes, Société Générale et Crédit Agricole, respectivement deuxième et troisième banques fossiles françaises.

« BNP Paribas n’a décidément pas peur du « greenwashing » : elle ose s’afficher comme grande mécène de la COP21 alors qu’elle est la pire banque française en matière de financements climaticides, et qu’elle n’a pris cette année aucun engagement pour réduire ses soutiens aux énergies fossiles, contrairement d’ailleurs au Crédit Agricole et à Natixis (2) » affirme Lucie Pinson, chargée de campagne Finance Privée / Coface aux Amis de la Terre France.« Cela ne peut plus durer : il est urgent qu’elle s’engage, tout comme ses pairs, vers une sortie des énergies fossiles et annonce avant la COP21 la fin de ses soutiens au charbon » poursuit Lucie Pinson.

Le retard des banques françaises vis-à-vis de la transition énergétique prouve par ailleurs que le gouvernement français doit agir dès la transposition de la loi sur la Transition énergétique : « Afin que le secteur financier privé soit réellement partie prenante de la transition énergétique, il faudra aller au-delà de l’obligation imposée aux banques d’évaluer leurs impacts sur le changement climatique, pour les forcer également à sortir des énergies fossiles, et à fixer des objectifs cadrés de financements des énergies renouvelables » conclut Alexandre Naulot.

Les clients-citoyens ont également un rôle à jouer. Dès cette semaine, Oxfam France et les Amis de la Terre France les appellent à se mobiliser pour interpeller les grandes banques, et en particulier BNP Paribas (3).

Quelques chiffres clés :

 

Depuis 2009, pour chaque euro dégagé au profit des énergies renouvelables, les banques françaises offrent 7 euros aux énergies fossiles. En effet, entre 2009 et 2014, les cinq principales banques françaises ont accordé 18 milliards aux énergies renouvelables contre près de 129 milliards d’euros aux énergies fossiles.

Entre 2009 et 2014, soit depuis le dernier grand sommet sur le climat de Copenhague, les 25 premières banques internationales ont consacré 847 milliards d’euros aux énergies fossiles. BNP Paribas, Crédit Agricole et Société Générale sont les trois plus grandes banques fossiles françaises et figurent dans le top 15 des banques fossiles internationales.

BNP Paribas –  sponsor officiel de la COP 21–  est classée 1ère première banque fossile au niveau français et 5ème au niveau international, avec près de 52 milliards d’euros aux énergies fossiles depuis 2009.

BNP Paribas est la banque qui soutient le plus les énergies fossiles par rapport aux énergies renouvelables. Avec 6 milliards d’euros consacrés à ce secteur, elle soutient 9 fois plus les fossiles que les énergies renouvelables.

 

 

Contact

Marion Cosperec
Chargée des relations média
mcosperec@oxfamfrance.org
01 85 34 17 68 / 07 68 30 06 17

Notes aux rédactions

1. Cette étude repose sur une analyse globale réalisée par le cabinet d’études indépendant Profundo. Celle-ci porte sur les prêts et les émissions d’actions et d’obligations de 75 banques en direction de 178 entreprises et 540 projets d’énergies renouvelables afin de juger de leurs soutiens financiers aux énergies fossiles et aux énergies renouvelables entre 2004 et 2014.  Cette sélection représente 65 % des émissions totales de gaz à effet de serre du secteur énergétique et plus de 53 % des émissions de gaz à effet de serre totaux. Les cinq  premières grandes banques françaises BNP, Crédit Agricole, Société Générale,  Banques Populaires Caisse d’épargne et le Crédit Mutuel-CIC sont couvertes. Le détail complet de la méthodologie ainsi que la liste de banques et des entreprises couvertes sont disponibles en anglais sur le site de Fair Finance France : http://www.fairfinancefrance.org/media/60888/ffg-report-undermining-our-green-future.pdf

2. En octobre 2015, Natixis a annoncé la fin de tout financement de projets à des centrales électriques au charbon et de mines de charbon thermique dans le monde. La nouvelle politique oblige également la banque à renoncer à financer les sociétés dont l’activité repose à plus de 50% sur l’exploitation de centrales électriques au charbon ou de mines de charbon thermique. Communiqué disponible au : https://www.natixis.com/natixis/upl… .

En mai et septembre 2015, le Crédit Agricole s'est engagé à ne plus financer de nouveaux projets de mines de charbon, ni les entreprises principalement actives dans l'extraction du charbon, ainsi que de nouvelles centrales ou extension de centrales électriques au charbon dans les pays à haut revenus, tels que définis par la Banque Mondiale(12 % du marché selon Global Coal Plant Tracker). Voir  Crédit Agricole S.A. prend de nouveaux engagements face aux enjeux du charbon et du carbone », communiqué de presse du Crédit Agricole du 30 septembre 2015. http://www.credit-agricole.com/Actu…

3. Les Amis de la Terre France et Oxfam France donnent aujourd’hui le pouvoir aux clients-citoyens de se mobiliser et d’interpeller directement BNP Paribas, pour lui demander de prendre des engagements en faveur du climat, en annonçant la fin de ses soutiens au charbon :

–       Sur le site www.fairfinancefrance.org

–       En votant pour BNP Paribas, nominée ce jeudi 5 novembre aux Prix Pinocchio par les Amis de la Terre France.

–       Via le site www.jechangedebanque.org pour découvrir les alternatives existantes.