Une solution face à l’extrême pauvreté : l’aide au développement

Pour la première fois en plus de 2 décennies, le taux mondial d’extrême pauvreté augmente depuis 2020, sous l’effet des conséquences multiples de la pandémie de COVID-19, de la crise alimentaire aggravé par le conflit en Ukraine, l’augmentation des inégalités mondiales et évidemment les impacts croissant du changement climatique. La planète compte désormais près de 700 millions de personnes dans l’extrême pauvreté. Mais cette situation n’est pas une fatalité et les progrès réalisés depuis plus de trente ans en amont de la pandémie le prouve.

Quelle solution face aux inégalités et à la pauvreté mondiale ?

Il existe bien des moyens d’éradiquer la pauvreté qui relèvent toujours de choix politiques clairs. Pour répondre à ces objectifs et plus largement aux Objectifs de Développement Durable (ODD), les besoins de financements sont colossaux. Et la pandémie a très grandement accentué cette dimension. En effet, la réduction de la pauvreté passe par des accès améliorés aux service essentiels, la santé, l’éducation, à des meilleurs systèmes de protections sociales etc. Des progrès inenvisageables sans investissement majeur.

A l’échelle du monde, on observe que la pauvreté est géographiquement très inégalitaire.  C’est donc pour cela le premier levier à mettre en priorité en exergue, est l’aide internationale.

Qu’est-ce que l’aide au développement ?

L’Aide Publique au Développement (APD) est le budget que consacre chaque année un État comme la France au financement de projets dans les pays en développement, pour lutter contre les causes de l’extrême pauvreté et ses conséquences sur la santé, le niveau d’éducation, l’accès aux ressources naturelles et agricoles ou encore l’adaptation au changement climatique.

Il est important de sortir de conception qui avait tendance à vois ce budget comme un simple acte de charité. Au contraire, c’est à réfléchir comme une forme de redistribution mondiale qui contribue à réduire les inégalités ou à combler les lacunes entre les pays riches et les pays pauvres. Dans un monde de profusion, où les pays de l’OCDE affichent un revenu par habitant 52 fois supérieur à celui des pays à faible revenu et où la fortune des pays les plus riches s’appuie sur l’exploitation passée et en cours du monde en développement, c’est surtout devenu une question de justice.

L’aide est la seule politique publique des nations riches susceptible de placer au premier plan les personnes pauvres dans le monde. Elle doit être aussi appréhendée au regard des interdépendances dues à la mondialisation. Agir contre la pauvreté et les inégalités, atténuer et s’adapter face au changement climatique, répondre aux crises sont de l’intérêt de toutes et tous, ici comme là-bas. Cette interdépendance fut particulièrement mise en exergue par la pandémie de la COVID 19 dont la circulation fut mondiale.

L’aide au développement une question de quantité

L’aide au développement est donc centrale car elle répond à des besoins vitaux majeurs qui nécessites des investissements sans précédent. Rien qu’en Afrique subsaharienne, l’ensemble des pays de la région auront besoin d’un surcroît de financement extérieur de 425 milliards de dollars sur ces cinq prochaines années pour regagner le terrain perdu pendant la crise. Auquel il faut ajouter d’après une analyse des Nations unies, 165 mds par ans de financements supplémentaires pour atteindre les ODD dans les pays à faible revenu. A une époque où les crises se multiplient, les seuls 150 milliards d’euros consacrés à l’APD par la communauté internationale, semblent dérisoires.

En effet depuis plus de 50 ans les pays riches ne sont pas au rendez-vous, ne consacrant en moyenne que 0,33% de leur richesse nationale à ce budget alors qu’ils s’étaient engagé à y consacrer 0,7% en 1970. Le refus de dédier réellement cette part de leur richesse nationale à l’aide au développement représente désormais une dette cumulée de 5 000 milliards d’euros des pays les plus riches envers les plus pauvres.

Dans le cas de la France, elle a dédié en 2021 plus de 13 milliards d’euros qui ont contribué à notre aide au développement. Après 6 ans de baisse voire de stagnation entre 2010 et 2015, la croissance de l’aide à partir de 2016 qui s’est poursuivie et largement accrue entre 2017 et 2021 a permis à la France de conforter sa place de 5e principal pays donateur d’aide dans le monde.

 

Avec cette somme, la France consacre un peu plus de 0.5% de sa richesse nationale à l’aide internationale. Par une loi adoptée en 2021, elle s’est cependant engagé à atteindre les 0,7% en 2025, ce que nous nous félicitons, même si cela ne remplacera pas les 200 milliards d’euros que la France a échoué à mobiliser pendant 50 ans en ne respectant pas cette objectif avant.

L’aide au développement, une question de qualité

L’efficacité de l’aide n’est évidemment garantie uniquement lorsqu’elle est investie au bon endroit, sur les thématiques les plus pertinentes qui permette un recul de la pauvreté est des inégalités.

La pandémie du coronavirus a, par exemple, démontré la fragilité d’un monde où plus de la moitié de la population mondiale n’a ni accès aux services de santé les plus essentiels, ni à des sources d’eau potable sûres. Face à cette aggravation de la situation mondiale, l’aide au développement doit, plus que jamais, prioriser les secteurs ayant un plus fort impact sur la réduction des inégalités et la lutte contre la pauvreté (la santé, l’éducation, la protection sociale, l’eau et l’assainissement).

L’aide doit également aller en priorité vers les populations les plus vulnérables de la planète. Ce qui n’est malheureusement pas suffisamment le cas aujourd’hui. Il faudrait au contraire s’assurer que la majorité de notre aide au développement est bien à destination des pays les moins avancés (PMA) qui présentent les défis les plus complexes de la planète. A titre de comparaison, aujourd’hui à peine un cinquième de l’aide française cible ces populations.

Enfin, de manière transversale, l’aide doit veiller à réduire l’une des premières inégalités, les inégalités femmes-hommes. En effet, elle doit répondre en priorité aux besoins des femmes et des filles pour combattre la pauvreté et les inégalités économiques. Cette aide au développement pour être féministe, doit inclure plus de financement pour les organisations féministes et de défense des droits des femmes dans les pays en développement et un soutien aux services publics qui bénéficient le plus à l’autonomisation des femmes et des filles, comme la santé et l’éducation.