Les inégalités entre les femmes et les hommes sont les plus universelles et les plus structurantes de nos sociétés. En 2020, Oxfam rappelait dans son rapport annuel sur les inégalités que les hommes détiennent 50 % de richesses de plus que les femmes. En France, au Nigéria, au Brésil, au Japon… partout dans le monde, les femmes sont en première ligne des inégalités à cause d’un système économique injuste et sexiste qui les cantonne dans des pans de l’économie les plus dévalorisés et les plus précaires. Sans parler des discriminations et des violences subies dans la sphère professionnelle et privée.
Les femmes, premières impactées par les inégalités sur le marché du travail
La France n’est pas épargnée par les inégalités salariales entre femmes et hommes
Même constat en France ! Les hommes gagnent 24,4% de plus que les femmes selon une étude de l’INSEE (juin 2021). A poste et compétences égales, l’écart de salaire est de 9%. Ces inégalités s’expliquent principalement par la place des femmes dans le marché de l’emploi : les femmes sont concentrées dans 12 familles professionnelles, dévalorisées financièrement et socialement, où les qualifications et la pénibilité ne sont pas reconnues. Les assistant-e-s maternelles, les employé-e-s de maisons, aides à domicile et aides ménagères, les secrétaires et secrétaires de direction demeurent à plus de 95 % des femmes. Ce sont aussi des secteurs où les emplois sont précaires : les chiffres parlent d’eux-mêmes ! Plus d’une femme sur quatre occupe un emploi à temps partiel contre moins d’un homme sur 10 (source DARES).
Les femmes majoritaires dans le secteur du soin
Ce secteur du soin, qui regroupe les métiers de la santé, de l’éducation, de l’aide à la personne, du travail social ou encore de la propreté, est très majoritairement féminin. Ce sont souvent des métiers pénibles qui affectent profondément les conditions de vie des femmes. Les difficultés de l’articulation entre vie professionnelle et vie de famille sont accrues par les horaires atypiques. Par exemple, dans les services de nettoyage, les femmes ont souvent des horaires courts où distendus et combinent plusieurs employeur-euse-s ou plusieurs lieux de travail. 9 salarié-e-s du nettoyage sur 10, comme pour l’ensemble des non-qualifié-e-s, sont exposé-e-s à au moins un risque physique.
Peu de femmes PDG ou ingénieurs
Les femmes sont aujourd’hui encore sous-représentées parmi les ingénieur-e-s et les cadres techniques d’entreprise (23,2%), dans la construction et les travaux publics (19%) et dans l’armée, la police, les pompiers (14%). Les femmes sont aussi moins présentes sur des postes à responsabilités : elle représentent seulement 42% des cadres, et 29% des PDG, selon l’INSEE. Elles ne sont que 27% à siéger dans les comités exécutifs des 120 plus grandes entreprises françaises où les inégalités de genre dans les instances de décision sont encore importantes.
Les retraites : un miroir grossissant des inégalités de genre
On retrouve logiquement les mêmes inégalités une fois l’heure de la retraite arrivée. Le système de retraite actuel agit comme miroir grossissant des inégalités qu’ont subies les femmes tout au long de leur vie professionnelle et forme des trappes de pauvreté pour les travailleuses les plus précaires. Aujourd’hui, les femmes touchent en moyenne des pensions inférieures de 39 % à celles des hommes, 24 % si on prend en compte la pension de réversion.
La réforme des retraites adoptée en 2023 a davantage pénalisé les femmes. En allongeant la durée du travail pour toucher une retraite à taux plein ou en imposant une décote pour carrière incomplète, la réforme pénalise les carrières hachées qui concernent le plus souvent des femmes. Il faut savoir que les femmes de 39 ans à 49 ans qui n’ont pas connu d’interruption de carrière gagnent en moyenne 23% de plus que celles qui ont temporairement cessé de travailler pour des raisons familiales.
Partage des tâches domestiques et de soin : les femmes toujours pénalisées
Conséquence ? Elles ont beaucoup moins de temps disponible pour avoir une activité rémunérée, se former, participer à la vie politique ou associative… 42 % des femmes disent qu’elles ne peuvent avoir un travail rémunéré en raison de la charge trop importante du travail de soin qu’on leur fait porter dans le cadre familial.
Lire notre décryptage sur le Post Partum et la nécessité d’allonger le congé paternité
Un travail domestique dévalorisé et pourtant essentiel à nos sociétés
Non seulement ce travail de soin n’est pas partagé équitablement mais il n’est pas valorisé par notre société. S’occuper des enfants, d’une personne malade, des repas, de la maison, des courses, des rendez-vous médicaux… tout ceci a une valeur au sein de notre économie. D’ailleurs l’Organisation internationale du Travail (OIT) a mesuré la valorisation économique de toutes ces tâches réalisées : cela équivaut à 14,8 % du PIB de la France. Et à l’échelle du monde, la valeur du travail domestique non rémunéré des femmes contribuerait au moins à 10 000 milliards de dollars par an, soit 3 fois l’industrie du numérique !
Les 3 mesures prioritaires comme solutions contre les inégalités entre les femmes et les hommes
Allonger la durée du congé paternité
Malgré l’allongement récent du congé paternité passant de 11 jours à 25 jours calendaires, les congés parentaux restent fortement déséquilibrés. En effet, le père a toujours plus de 3 fois moins de jours de congé qu’une mère pour la naissance d’un enfant.
Ces écarts continueront de pénaliser les femmes dans l’embauche et l’évolution dans le milieu professionnel et de les enfermer dans l’assignation aux tâches ménagères et parentales. L’UNICEF, agence des Nations Unies sur la protection des enfants, préconise un congé parental payé d’au moins six mois à partager entre les deux parents.
En plus de l’allongement des congés parentaux, il est temps de faire de la petite enfance un véritable service public. A l’heure actuelle, il manquerait 200 000 places en crèche afin de pouvoir accueillir les nouveaux nés et près de la moitié des crèches font face à un manque de personnel.
Lire notre décryptage sur le Post Partum et la nécessité d’allonger le congé paternité
Renforcer l’égalité professionnelle entre hommes et femmes dans les entreprises
59% des entreprises de plus de 50 salarié.e.s ne respectent pas la loi sur l’égalité professionnelle et n’ont ni accord ni plan d‘action sur l’égalité professionnelle, et seulement 0,2% d’entre elles ont été sanctionnées.
- Renforcer les mécanismes de suivi des écarts de salaire, notamment l’index d’égalité professionnelle, et fixer une obligation de publication des écarts de rémunérations pour les grands groupes par quartile, par pays et par genre.
- Instaurer la parité dans les instances de décisions, y compris les comités exécutifs, et des postes d’encadrement dans les entreprises dans les grandes entreprises.
Revaloriser les rémunérations dans les métiers à prédominance féminine
Mars, le mois féministe
Tout au long du mois de mars 2024, recevez des ressources pour vous informer et vous engager, afin de lutter contre les inégalités femmes-hommes.
Pour aller plus loin :
- Les inégalités femmes-hommes dans le milieu professionnel
- Etat des inégalités femmes-hommes dans le monde
- L’égalité hommes-femmes dans les projets de solidarité internationale et d’aide au développement
- Les mouvements et combats féministes à travers l’Histoire
- Les principes de l’écoféminisme
- Sororité, adelphité, intersectionnalité : comprendre les termes liés au militantisme féministe
- Nos 5 recommandations pour des lectures féministes.