Pourquoi les élections européennes sont importantes pour l’avenir des droits des femmes en Europe?

A quelques mois des élections européennes, Oxfam France a publié un nouveau rapport intitulé « Une Europe féministe ? ». Avec la montée annoncée de l’extrême droite aux prochaines élections, nous alertons sur le fait que les droits des femmes et droits LGBTQIA+ sont menacés en Europe et que l’Union Européenne doit alors lutter contre les inégalités femmes-hommes.

L’égalité de genre, un combat encore d’actualité en Europe

Des crises successives qui fragilisent l’égalité femmes-hommes

Malgré les récents progrès en terme d’égalité de genre au sein de l’Union Européenne, les injustices entre les femmes et hommes restent criantes. Pour preuve : il faudrait attendre 2082 avant de connaitre l’égalité entre les femmes et les hommes en Europe. Soit près de 3 générations de femmes européennes qui ne connaitrons pas un monde égalitaire.

Les progrès ont été ralentis par la succession des récentes crises. La crise du Covid-19 a mis en lumière le fait que les inégalités femmes-hommes étaient encore particulièrement ancrées dans nos sociétés.

Les Nations Unies ont d’ailleurs récemment alerté sur la stagnation de la lutte pour l’égalité de genre à l’échelle mondiale.

La montée des mouvements conservateurs menace les droits des femmes et l’égalité de genre en Europe

La montée des mouvements conservateurs et d’extrême droite partout en Europe fait également peser une grande menace sur les droits des femmes et l’égalité de genre. Quand ils arrivent au pouvoir, ces forces conservatrices s’attaquent aux droits des femmes et des personnes LGBTQIA+. Par exemple, en Italie, l’accès à l’IVG devient de plus en plus compliqué pour les femmes, notamment parce que près de deux tiers des gynécologues sont « objecteurs de consciences », refusant ainsi de pratiquer des avortements. Or, le parti conservateur au pouvoir vient d’adopter une disposition laissant les mouvements anti-choix entrer dans les centres d’IVG. En Hongrie, le Premier ministre Viktor Orbán a également fragilisé l’accès à l’avortement en imposant aux femmes souhaitant se faire avorter d’écouter les battements de cœur du fœtus. Il s’est également attaqué aux droits des personnes LGBTQIA+ en interdisant « la promotion » de l’homosexualité aux mineurs, assumant un discours profondément homophobe assimilant l’homosexualité à la pédophilie.

Lors des prochaines élections européennes en juin, l’extrême-droite est en phase de remporter de nombreux sièges supplémentaire au sein du Parlement Européen. Or, comme nous l’étudions dans notre rapport « Une Europe féministe ? »les groupes politiques d’extrême-droite votent systématiquement contre les mesures favorables aux droits des femmes et des personnes LGBTQIA+.

Du côté de la France, les votes des députés européens issus de l’extrême droite française montrent que le Rassemblement national, Reconquête et divers extrême droite ont constamment rejeté les textes progressistes sur les droits des femmes au Parlement européen ou se sont abstenus.

Pourquoi voter aux élections européennes compte pour l’avenir de l’égalité de genre en Europe ?

L’Union Européenne peut faire avancer les droits des femmes et elle l’a déjà fait

L’Union Européenne prend donc chaque jour des mesures clés qui ont un impact sur nos viesOxfam a réalisé un bilan de l’action des institutions européenne en matière d’égalité de genre sous la mandature 2019-2024. Ces cinq dernières années, des avancées sont à noter. Tout d’abord, une stratégie ambitieuse d’égalité de genre a été adoptée en 2020, fixant les objectifs des institutions européennes sur le sujet jusqu’à 2025 : mettre fin aux violences et aux stéréotypes, réduire les inégalités économiques, promouvoir la parité dans les instances de direction, transversaliser l’égalité de genre aux politiques publiques, financer des actions en faveur de l’égalité de genre et intégrer davantage l’égalité dans la politique étrangère de l’UE, notamment la politique de développement. Depuis 2019, l’Union Européenne a ainsi pris différentes mesures, notamment 3 directives clés pour faire avancer les droits des femmes :

  • La directive sur l’équilibre entre vie professionnelle et vie privée : cette directive vise à favoriser l’accès à l’emploi aux femmes. Le texte a notamment établi des normes minimales en matière de congé de paternité.
  • La directive concernant la féminisation des conseils d’administration : elle fixe des objectifs pour féminiser les conseils d’administration des sociétés cotées en bourse. Ainsi, les femmes doivent représenter au moins 40 % des membres des conseils d’administration.
  • La directive sur la transparence des rémunérations : la directive prévoit que les entreprises d’au moins 100 salarié·e·s publient les écarts de rémunération entre les femmes et les hommes.

Ces décisions sont autant de preuves que l’Union Europe peut faire avancer l’égalité de genre si elle en a la volonté en prenant des mesures que l’ensemble des Etats membres doivent transposer dans leur législation nationale. Malgré ces avancées, le chemin est encore long et les prochains décideur∙euse∙s européens devront aller plus loin !

L’action de l’Union Européenne en matière d’égalité de genre reste encore insuffisante

L’Union Européenne n’est pas encore à la hauteur des besoins pour lutter efficacement aux inégalités de genre. Les plus gros budgets de l’Union Européenne continuent de négliger les enjeux d’égalité de genre.

  • Le Green deal – qui est une série de mesures visant à réduire les émissions de gaz à effet de serre de l’Union Européenne – oublie d’apporter des solutions spécifiques aux femmes alors qu’elles sont les premières victimes des changements climatiques.
  • La Politique Agricole Commune qui représente près d’un tiers du budget de l’Union Européenne n’a aucun de ses 10 objectifs principaux spécifiquement dédié au genre alors qu’on sait que les agricultrices subissent de plein fouet les inégalités de genre.

Nous demandons aux futur∙e∙s décideur∙euse∙s européen∙ne∙s d’adopter une réelle approche féministe, c’est à dire d’intégrer partout, dans chaque décision la dimension du genre. L’avancée pour les droits des femmes n’est pas uniquement un chantier à mener à part mais bien un critère à prendre en compte dans toutes nos décisions.  

L’Union Européenne a également le pouvoir de soutenir les féministes partout dans le monde à travers sa politique étrangère. Or, dans ce domaine, elle failli à sa mission. En effet, les financements dédiés aux organisation féministes des Suds sont incroyablement maigres. En 2022, l’Union Européenne avait mobilisé 27.5 millions d’euros pour les organisations féministes des Suds – soit l’équivalent de 6 centimes par citoyen·n·e européen·n·e. Pourtant, les organisations féministes sont en première ligne pour faire progresser les droits des femmes : les soutenir est indispensable.    

L’Europe peut donc faire avancer les droits des femmes et des personnes LGBTQIA+, mais elle doit aller plus loin. A l’heure où les différents groupes politiques du Parlement Européen restent encore fortement divisés sur les questions d’égalité de genre, nous devons imposer un agenda féministe au sein des institutions européennes !

Pour cela il est important d’aller voter aux élections du 9 juin pour s’assurer que la future majorité à l’échelle de l’UE continue de porter les enjeux d’égalité de genre et accélère les efforts pour ne pas avoir à attendre jusqu’à la fin du siècle pour connaitre l’égalité !

Elections européennes : aux urnes !

Le 9 juin prochain, déposons un bulletin féministe dans les urnes. Votons pour lutter contre les inégalités de genre mais aussi contre la pauvreté, contre les inégalités économiques ou contre les changements climatiques car lutter pour l’égalité de genre est un combat qui profite à toutes et tous.

Comprendre ces élections