Changements climatiques, principale cause de déplacements de populations

À l’occasion de la conférence des Nations unies sur le climat (COP25), qui s’ouvre le 2 décembre 2019 à Madrid, Oxfam révèle que les catastrophes dues aux changements climatiques sont le principal facteur de déplacements internes dans le monde, avant les séismes ou les conflits. Elles ont forcé 20 millions de personnes par an à quitter leur foyer au cours des dix dernières années.

Face aux changements climatiques, des inégalités criantes

En l’espace de dix ans, le nombre de catastrophes climatiques extrêmes – inondations, ouragans, cyclones – ayant entraîné des déplacements de populations a été multiplié par cinq. Les tempêtes deviennent plus destructrices car les eaux plus chaudes contribuent à amplifier la force du vent et des précipitations, tandis que l’élévation du niveau des océans provoque des ondes de tempête plus dévastatrices. Si personne n’est à l’abri, comme en témoignent les inondations en Europe et les incendies en Australie ces dernières semaines, les populations des pays pauvres, pourtant très peu responsables de la crise climatique, sont les plus exposées.

Sept des dix pays les plus exposés à des déplacements internes dus à des phénomènes climatiques extrêmes sont de petits États insulaires en développement, notamment dans les Caraïbes et le Pacifique. Les populations de ces petites îles ont 150 fois plus de risque d’être déplacées à cause de phénomènes climatiques extrêmes que la population européenne. À Cuba, à la Dominique et dans l’archipel des Tuvalu, entre 2008 et 2018, près de 5 % de la population a dû fuir chaque année à cause de conditions climatiques extrêmes. C’est comme si la population combinée de New York, Los Angeles, Chicago et Houston était déplacée chaque année aux États-Unis !

Les pays pauvres ne doivent pas supporter seuls les coûts croissants des catastrophes climatiques

Les communautés les plus pauvres, et notamment les femmes sont les plus vulnérables car elles vivent généralement dans des habitations de fortune, ou sur des terres marginales, davantage exposées à des phénomènes climatiques extrêmes comme des tempêtes ou des inondations. Elles disposent rarement d’assurances ou d’économies pour les aider à reconstruire leur vie après une catastrophe et beaucoup dépendent de l’agriculture ou de la pêche, des activités qui sont particulièrement exposées à une météo imprévisible. Avec l’augmentation de la fréquence et de l’intensité des aléas climatiques, la résistance aux chocs des personnes en situation de pauvreté s’érode progressivement.

En moyenne depuis dix ans, les pertes économiques inhérentes à des phénomènes climatiques extrêmes sont équivalentes à 2 % du PIB des pays. Ce chiffre est beaucoup plus élevé pour de nombreux pays en développement et atteint même les 20 % dans les petits États insulaires ! Lorsque le cyclone Winston a frappé les îles Fidji en 2016, les dégâts se sont élevés à près d’un cinquième du PIB du pays.

La crise climatique exacerbe aussi l’instabilité dans de nombreuses régions, aggravant des conditions propices au conflit et augmentant le risque de conflit à l’avenir. Au Sahel par exemple, des épisodes récurrents de sécheresse et d’inondation mettent à mal des ressources déjà limitées comme les pâturages et les points d’eau, alimentant de fait les tensions entre les communautés dont les frustrations sont instrumentalisées par des groupes armés.

Les pays riches doivent agir sans plus tarder

L’aide financière à apporter aux communautés ayant subi des dégâts inévitables et irréversibles à cause de la crise climatique – ce qu’on appelle les pertes et dommages – devrait être au cœur des débats de la COP25. Pour de nombreux pays en développement, le manque de moyens financiers destinés à les aider à se relever après des catastrophes est une préoccupation majeure. Ils ont dû souvent puiser dans leur propre budget déjà très contraint pour répondre aux besoins de leurs populations. En effet jusqu’à maintenant, les pays riches ont fait la sourde oreille et laisser ces pays assumer eux-mêmes les coûts croissants de ces impacts.

Alors que depuis un an, des millions de personnes se mobilisent à travers le monde pour réclamer des actions immédiates, il est urgent que les dirigeants politiques répondent présent à la COP25 et assument leur responsabilité historique dans la crise climatique. Ils doivent soutenir la mise en place d’un nouveau fonds relatif aux pertes et dommages afin d’aider les communautés pauvres à se reconstruire après des catastrophes climatiques, et s’engager en même temps sur une réduction plus rapide et ambitieuse de leurs émissions de gaz à effet de serre afin de respecter l’Accord de Paris.

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Oxfam, qui milite pour la justice climatique et insiste sur les liens entre inégalités, pauvreté et climat interpelle également Emmanuel Macron dans le cadre de la COP25 à venir. Rejoignez la mobilisation !

 

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