Aujourd’hui, le Comité d’aide au développement de l’Organisation de coopération et de développement économiques (CAD de l’OCDE) a publié ses chiffres préliminaires sur le montant de l’aide au développement fournie en 2021. L’aide est en hausse de 4,4%. Au niveau Français, pour la 4e année d’affilée, l’aide connait une hausse importante. Elle atteint un niveau sans précédent à 13 milliards d’euros (+4,6%), soit 0.52% de notre richesse nationale. Oxfam estime que plus de 260 millions de personnes supplémentaires risquent de basculer dans la pauvreté extrême en 2022, soit l’équivalent des populations du Royaume-Uni, de la France, de l’Allemagne et de l’Espagne réunies. Cela est dû à de nombreux facteurs : COVID-19, accroissement des inégalités mondiales et choc de la hausse des prix alimentaires, guerre en Ukraine. L’ONG appelle à une nette augmentation des budgets d’aide au développement en 2022 pour faire face à ces défis.

En réaction, Louis-Nicolas JANDEAUX, expert sur les questions de financement des pays en développement d’Oxfam France, a déclaré : « Bien que la situation ne soit pas parfaite, il est important de saluer cette hausse et globalement la trajectoire ascendante de ces dernières années pour la France. Entre choix politiques, pandémie, crise économique et sociale, l’aide au développement est redevenue une priorité de la politique internationale de la France au cours de ce quinquennat, c’est une très bonne chose. Cependant, la particularité du contexte international actuel nous rappelle que les crises s’additionnent, les budgets le doivent aussi. »

En complément Louis-Nicolas Jandeaux ajoute : « L’autre grand défi est désormais de s’assurer que cette hausse permet en priorité de lutter contre la pauvreté et les inégalités dans les pays les plus pauvres, notamment en Afrique. Nous nous inquiétons que la comptabilisation dans cette aide de dons de doses de vaccin, ou de frais liés à l’accueil de réfugiés ukrainiens en France ne viennent en pratique réduire les enveloppes réellement disponibles pour la solidarité internationale. »

Contact presse:

Inès Slama islama@oxfamfrance.org – 07 67 05 92 46

Notes aux rédactions :

  • Plus de 260 millions de personnes supplémentaires risquent de basculer dans la pauvreté extrême en 2022 à cause de la COVID-19, de l’accroissement des inégalités mondiales et du choc de la hausse des prix alimentaires, amplifié par la guerre en Ukraine, dénonce Oxfam dans un nouveau rapport publié aujourd’hui. Téléchargez le rapport d’Oxfam « D’abord la crise, puis la catastrophe » (en anglais).
  • La Banque mondiale fixe le seuil de pauvreté extrême à 1,90 dollars par jour.
  • D’après ses estimations, la COVID-19 fera basculer 198 millions de personnes dans la pauvreté extrême en 2022, en supposant que l’indice de Gini des inégalités de revenus augmentera de 2 % dans le monde. Le FMI, la Banque mondiale et l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) s’accordent à dire que la COVID-19 risque fortement d’accroître les inégalités.
  • Les nouvelles estimations d’Oxfam, qui s’appuient sur les projections de la Banque mondiale et sur des recherches antérieures menées par la Banque mondiale et le Center for Global Development sur les flambées des prix alimentaires montrent que 65 millions de personnes supplémentaires pourraient passer sous le seuil de pauvreté de 1,90 dollars par jour, en raison des fortes hausses des prix alimentaires. Consultez le rapport « D’abord la crise, puis la catastrophe » pour en savoir plus.
  • Les chiffres de l’aide pour 2021 sont disponibles sur le site de l’OCDE. Les pays riches n’ont consacré que 0,33 pour cent de leur revenu national brut (RNB) à l’aide au développement, soit une stagnation par rapport aux chiffres de 2020, et bien moins que les 0,7 pour cent promis en 1970. En 2021, seulement 5 pays respectaient cet engagement (le Luxembourg, le Danemark, la Norvège, la Suède, Allemagne).
  • En 2017 Emmanuel Macron alors candidat s’était engagé à ce que la France consacre 0,55% de sa richesse nationale brute à l’aide au développement en adoptant une loi comportant une trajectoire pour y parvenir. De tout évidence cette cible sera respectée cette année le gouvernement ayant doté notre politique de coopération internationale d’un cadre légal l’an dernier mais aussi en adoptant une programmation afin de s’assurer qu’en 2025, 0,7% de notre richesse nationale soit consacrée au soutien des populations les plus vulnérables de la planète.
  • Certains gouvernements envisagent de puiser dans les fonds d’aide destinés à d’autres crises pour payer les dépenses supplémentaires dues au soutien à l’Ukraine. Oxfam sait que l’Union européenne a réduit de plus de moitié son financement humanitaire au Timor-Oriental, par exemple, que certains donateurs ont indiqué qu’ils allaient réduire de 70 % leur aide au Burkina Faso, et que d’autres pays d’Afrique de l’Ouest ont entendu des annonces similaires. Pendant ce temps, l’Afrique de l’Ouest connaît sa pire crise alimentaire en dix ans, 27 millions de personnes souffrant de la faim.
  • Il est à noter que ces chiffres sont critiquables. Les pays donateurs d’aide ayant d’année en année renié un peu plus les règles de comptabilisation de l’aide au développement. Ainsi en 2021, nous avons comptabilisé sans cadre commun des dons de vaccins qui pour beaucoup provenaient de stocks accumulés presque périmés, sans les équipements essentiels, les rendant quasiment inutiles. Dans le même temps la France spécifiquement utilise 7,5% de son aide pour combler les frais d’accueil des réfugiés sur son propre sol, devenant ainsi le premier bénéficiaire de sa propre aide. De même, on observe cette année une très forte augmentation des financements à destination du secteur privé dans le cas le France (+60%) or ce sont des financements qui ne participent pas à une réduction de la pauvreté et des inégalités à travers le monde car ils ne bénéficient pas directement aux populations les plus vulnérables.