A quelques jours du premier tour, Oxfam France a passé au grill les programmes des candidat·e·s en les examinant à l’aune des propositions contenues dans le Manifeste fiscal “vert, juste et féministe” publié le 9 décembre dernier. Cette évaluation des programmes fiscaux des candidat·es repose sur plusieurs critères : la volonté du·de la candidat.e de mieux taxer les plus riches, de rendre l’impôt plus juste, mieux taxer les multinationales et la spéculation, et la prise en compte d’une fiscalité écologique et féministe.

Quentin Parrinello rappelle : « Une politique fiscale plus juste centrée autour de 15 mesures ambitieuses permettrait de dégager au moins 65 milliards d’euros, sans augmenter la contribution de 70% des Français-e-s, c’est-à-dire les personnes gagnant moins de 2500 euros net par mois. Les fonds ainsi dégagés permettraient de renforcer les services publics et de protéger les plus précaires. La question de l’impôt est donc un vrai choix politique et les orientations des candidat.es en la matière doivent être connues de toutes et tous. A l’heure actuelle, 7 candidat.es ont repris au moins une de nos 15 propositions. En tout, 12 propositions sont reprises dans cette campagne ».

Si une majorité des candidat·e·s ont repris au moins une des mesures proposées par Oxfam France, les programmes traduisent de très fortes disparités dans les visions des candidat-e-s en termes de fiscalité : si les mesures proposées par certain-e-s permettront de lutter efficacement contre les inégalités et la crise climatique, d’autres risquent de les accroître.

Pour Quentin Parrinello, Responsable Plaidoyer Justice fiscale et inégalité et auteur du manifeste fiscal d’Oxfam :

« La plupart des mesures proposées dans le Manifeste sont effectivement reprises dans les programmes fiscaux de Yannick Jadot et Jean-Luc Mélenchon, notamment sur la taxation des plus riches, de la spéculation et des multinationales, ainsi que concernant une fiscalité féministe. Oxfam relève cependant que le programme du candidat d’EELV ne prévoit pas de réformer la CSG, tandis que celui du candidat de la France Insoumise ne détaille pas suffisamment la façon dont il réduirait les impacts sociaux négatifs liés à la suppression des niches fiscales climaticides. »

« A l’opposé, les programmes fiscaux portés par Marine Le Pen et Eric Zemmour, et dans une moindre mesure ceux de Valérie Pécresse et Emmanuel Macron, se distinguent par une réduction massive de la fiscalité des multinationales et une volonté de continuer à baisser les impôts des plus riches, ignorant les recommandations d’Oxfam. »

« Concernant le programme défendu par Anne Hidalgo, il reprend largement nos recommandations en matière de fiscalité écologique, et certaines de nos propositions en matière de taxation des plus riches, progressivité de l’impôt, taxation des multinationales et de la spéculation. En revanche, il n’est pas à la hauteur en matière de fiscalité féministe.

Les programmes de Fabien Roussel et Philippe Poutou ont en commun de reprendre certaines de nos propositions en matière de taxation des plus riches et des multinationales. En revanche ils ne sont pas à la hauteur de nos propositions en matière de fiscalité écologique et de fiscalité féministe. »

« Le programme de Nicolas Dupont Aignan reprend partiellement nos propositions en matière de taxation de la spéculation, mais le reste de son programme fiscal va à l’encontre des mesures du Manifeste.

Enfin, globalement les programmes de Nathalie Arthaud et Jean Lassalle ne sont pas assez détaillés pour permettre une évaluation fine de leur reprise de nos propositions, même s’il faut relever que le programme du candidat de “Résistons !” va à l’encontre des mesures que nous portons notamment sur la taxation des plus riches et la fiscalité écologique. »

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Contact presse

Stanislas Hannoun
07 69 17 49 63
shannoun@oxfamfrance.org

Notes aux rédactions

A quoi sert l’impôt en France ? Oxfam fait un état des lieux du modèle fiscal actuel Retrouvez le manifeste fiscal juste, vert et féministe publié en décembre 2021.

Les 15 mesures du manifeste fiscal

1. Remplacer l’IR et la CSG par des contributions sociales et fiscales progressives, aux assiettes identiques et budgets séparés.

2. Évaluer et réformer les niches fiscales à l’impôt sur le revenu pour s’assurer de l’impact sur les inégalités.

3. Réaligner la fiscalité du capital avec celle du travail pour remettre l’équité au cœur du projet fiscal.

4. Introduire une imposition sur les grandes fortunes améliorée, accompagnée d’une réforme du bouclier fiscal.

5. Réformer l’imposition de l’héritage pour le rendre plus lisible et plus progressifs, en ciblant les super-héritages très peu taxés.

6. Pour un ISF Climatique : faire payer une surtaxe aux millionnaires les plus polluants.

7. Réorienter les marchés financiers vers la transition et lutter contre la spéculation financière.

8. Mettre fin aux niches fiscales climatidices.

9. Réorienter l’impôt pour favoriser la transition et décourager la pollution.

10. Protéger les plus précaires : les modalités d’une taxe carbone juste. Une politique de fiscalité écologique doit être accompagnée d’investissements massifs dans les alternatives bas-carbone et de mesures de protection contre le dumping social et écologique.

11. Individualiser l’impôt sur le revenu pour améliorer l’émancipation économique des femmes.

12. Revoir la fiscalisation des pensions alimentaires.

13. Mettre en place un impôt minimum effectif juste pour les multinationales, sans exception.

14. Mettre en place une taxation unitaire des profits des multinationales.

15. Évaluer et réformer les niches fiscales bénéficiant aux grandes entreprises pour développer le tissu économique français