Famine à Gaza : anatomie d’un désastre humanitaire

8 mois après le début du conflit à Gaza, un désastre humanitaire se produit sous nos yeux. Près de 2 millions de personnes sont actuellement laissées sans ressource, affamées et à la merci de frappes incessantes d’Israël. L’entièreté de la population souffre de la faim et un nombre toujours plus grand risque de basculer dans la famine. Une situation inhumaine qui doit toutes et tous nous alarmer.

Un drame humanitaire sans précédent

Alors que plus de 35 000 personnes sont mortes à Gaza depuis le début du conflit, les survivant⋅e⋅s subissent une crise alimentaire sans précédent menaçant leur existence. On estime qu’à court terme, plus d’1 million de personnes pourraient basculer dans la famine. La totalité des Palestinien·ne·s à Gaza se trouvent aujourd’hui dans une forte situation d’insécurité alimentaire. Un·e habitant·e du nord de Gaza ne dispose que de 245 calories par jour pour survivre, soit moins d’une demi-baguette de pain.  Des enfants meurent déjà de famine et de malnutrition, devenues d’autant plus meurtrières en raison des maladies.

Depuis que l’IPC existe – l’outil évaluant la gravité des situations d’insécurité alimentaire et de malnutrition – nous n’avions jamais observé une crise se détériorer aussi rapidement.

Au Nord de Gaza, la situation est particulièrement dramatique. En effet, alors que la plupart des Gazaoui·e·s se sont déplacé·e·s au sud de Gaza sous les ordres des autorités israéliennes, environ 300 000 personnes sont encore piégées au Nord. Dans cette zone de la bande de Gaza, l’aide humanitaire n’est quasiment pas acheminée ce qui plonge les populations, selon des preuves fiables, dans une situation de famine. Ainsi, on estime que 70% de la population de cette région se trouve dans une situation de famine.

Au Sud de la bande de Gaza, à Rafah, plus d’1,3 millions de personnes se sont nichées dans cette minuscule province puisque le gouvernement israélien avait assuré que cette zone était sécurisée. L’invasion de l’armée israélienne en mai 2024 dans la bande de Gaza a forcé plus de 350 000 personnes à se déplacer dans des camps déjà surpeuplés. De plus, la destruction des infrastructures d’eau, d’hygiène et d’assainissement pourrait rapidement dégénérer en une épidémie majeure.

Comment en sommes-nous arrivés à une famine à Gaza ?

Après les attaques terroristes de certains groupes armés palestiniens, la riposte sans précédent d’Israël a piégé les habitants de la bande de Gaza, une zone où l’aide humanitaire est bloquée. Un blocus a été créé autour de l’enclave palestienne entravant considérablement l’aide humanitaire. La faim, et ce qui sera demain une famine, est aujourd’hui utilisée comme une véritable arme de guerre par Gaza. Sciemment, Israël condamne les populations civiles à la souffrance et menace ainsi de disparition des milliers de personnes. Cette situation dramatique prospère alors que la Cour Internationale de Justice a ordonné à Israël de prendre une série de mesures radicales face à « un risque de génocide plausible ».

Dans notre dernier rapport, nous avons démontré qu’Israël empêche volontairement l’aide humanitaire d’être acheminée à Gaza. Nous avons identifié 7 méthodes utilisées par Israël :

  • Méthode 1 : la mise en place d’un siège militaire total constituant une punition collective.
    Israël contrôle tous les accès maritimes, aériens et terrestres et n’a ouvert que deux passages pour acheminer l’aide humanitaire mais qui ne sont pas entièrement opérationnels.
  • Méthode 2 : un processus d’inspection de l’aide injustifié et inefficace.
    Les contraintes administratives, les processus d’approbations ou les contrôles répétitifs et imprévisibles bloquent l’aide. En moyenne, un camion doit attendre 20 jours avant de pouvoir accéder à Gaza !
  • Méthode 3 : les rejets arbitraires d’articles à « double usage ».
    Israël refuse des équipements humanitaires au motif qu’ils pourraient servir à un usage militaire. Cette liste d’objets interdits reste opaque et un article peut être autorisé un jour et refusé le lendemain.
  • Méthode 4 : la destruction.
    L’intensité de l’assaut israélien a détruit la plupart des équipements énergétiques, d’eau, d’hygiène et d’assainissement. Les infrastructures encore fonctionnelles sont insuffisantes pour répondre aux besoins de 2,3 millions de Gazaoui·e·s.
  • Méthode 5 : les attaques contre les travailleurs humanitaires.
    364 personnels de santé, 165 humanitaires de l’ONU et 8 humanitaires d’ONG ont été tués. Israël fait fi des notifications des acteurs humanitaires et rendent ainsi les opérations extrêmement dangereuses.
  • Méthode 6️ : l’absence d’endroit sûr.
    Aucun endroit n’est sûr à Gaza alors que l’aide ne peut être délivrée qu’en sécurité. Israël a donné plusieurs ordres de déplacements aux populations dans des endroits dits « sûrs » mais aucun de ces derniers ne se sont révélés sécurisés.
  • Méthode 7️ : le déni des missions humanitaires.
    Israël bloque totalement l’accès au nord de Gaza où demeurent plus de 300 000 Palestiniens. De nombreuses missions humanitaires restent arbitrairement refusées et des travailleurs humanitaires sont arrêtés aux checkpoints militaires.

Les autorités Israéliennes empêchent alors l’aide d’être acheminée efficacement et laissent des enfants, des femmes et des hommes périr dans d’atroces conditions. À cause de ces différentes méthodes, un camion d’aide humanitaire est bloqué en moyenne 20 heures aux portes de Gaza avant de pouvoir accéder à la zone. Les longueurs administratives, les checkpoints ou encore les refus de certains articles sont donc autant de méthodes utilisées par Israël pour affamer les Gazaoui·e·s.

Comment vaincre la famine à Gaza ?

Malgré cette entrave continue de l’aide humanitaire à Gaza, les équipes d’Oxfam ont pu venir en aide à plus de 200 000 personnes en distribuant de la nourriture, de l’eau ou encore des kits d’hygiène. Ce travail n’est possible que grâce à la détermination sans faille de nos travailleurs humanitaires sur le terrain et aux milliers de personnes qui nous soutiennent chaque jour dans le monde.

Pourtant, si nous voulons protéger l’ensemble de la population à Gaza, nous devons stopper définitivement cette situation. Seul un cessez-le-feu immédiat et permanent peut permettre aux Gazaoui·e·s de sortir durablement de l’insécurité alimentaire et d’envisager l’avenir sereinement. Nos décideurs ont un rôle à jouer dans cette optique puisque nos gouvernements ont une responsabilité dans la situation actuelle. La France peut mettre la pression sur le gouvernement Israélien pour le contraindre à renoncer au massacre qu’il commet à Gaza. Société civile, citoyen·ne·s : nous ne devons cesser de les interpeller.

Vous pouvez aussi soutenir l’action d’Oxfam sur place car nos équipes intensifient actuellement les opérations d’aide humanitaire pour empêcher la famine d’advenir.

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