Israël/territoire palestinien occupé : du plaidoyer au terrain

Rima Chemirik, assistante de plaidoyer "Conflits" au sein d'Oxfam France, était en Israël et dans les territoires palestiniens occupés entre le 8 et le 22 décembre 2010. _ L'occasion de se rendre sur le terrain et de rencontrer les équipes d'autres affiliés Oxfam, mais aussi des représentants français à l'ambassade et au consulat ainsi que les délégations de la commission européenne à Jérusalem et à Tel Aviv. _ Elle raconte sa visite, ses rencontres, ses impressions.

Au cours de nos différentes visites de terrain, nous avons rencontré nos partenaires israéliens et palestiniens. Dans la ville d'Hébron en Cisjordanie, nous avons rencontré un activiste de Breaking the silence, une ONG qui regroupe des anciens soldats israéliens qui témoignent de la réalité quotidienne dans le territoire occupé sans cacher les atrocités qu'ils ont pu commettre aux dépens des civils palestiniens. Dans la partie d'Hébron sous contrôle israélien où plusieurs centaines de milliers de palestiniens vivent, des restrictions de mouvements sont imposées par l'armée. De nombreuses rues sont interdites aux Palestiniens et l'ancien marché ouvert a été presque entièrement fermé. Les colons jettent quotidiennement leurs ordures dans les propriétés palestiniennes. Nous nous sommes également rendus dans le village de Bili'in en Cisjordanie connu pour sa résistance non-violente contre le mur qui a annexé de nombreuses terres palestiniennes. Le tracé du mur a été révisé après la décision de la cour suprême israélienne en 2007 qui a reconnu que le tracé original avait été prévu pour l'expansion future de la colonie avoisinante plutôt que pour des préoccupations sécuritaires. Le nouveau tracé a permis aux Palestiniens de récupérer une partie de leurs terres agricoles. Toutefois, le tracé actuel dévie toujours de la Ligne verte (ligne d'armistice reconnue internationalement). Pour accéder à Gaza, territoire sous blocus israélien depuis 2007, il faut passer par le check-point israélien, celui de l'autorité palestinienne ainsi que celui du Hamas. Sur place, nous avons visité des cliniques mobiles qui fournissent les premiers soins notamment aux réfugiés. _ Au fil de notre parcours gazaoui, nous avons constaté l'extrême pauvreté de la population. Les pêcheurs nous ont raconté leur calvaire depuis que les autorités israéliennes limitent sévèrement l'accès aux eaux poissonneuses, des familles dont les maisons ont été détruites pendant l'opération "plomb durci" fin 2008-début 2009 nous ont montré les photos de leurs propriétés avant et après leur destruction… Nous nous sommes également rendus à Rafah à la frontière égyptienne où toutes sortes de produits sont disponibles via les tunnels : des micro-ondes aux chaussettes en passant par les sacs de ciment. Une façon de déjouer notamment l'interdiction d'importer les matériaux de construction. Les quantités importées restent toutefois insuffisantes et les prix prohibitifs. La sortie de Gaza s'est avéré particulièrement difficile pour mon collègue espagnol et moi-même. Nous avons dû attendre trois heures avant de récupérer nos passeports sans qu'aucune explication ne nous soit donnée. Nous avons dû répondre à plusieurs questions : des noms de nos ancêtres à nos numéros de téléphones fixes. Pourtant, nos autres collègues qui font partie de la même organisation que nous et avec qui nous avons effectué les mêmes visites à Gaza n'ont eu aucun souci pour passer. Cette mission a été extrêmement enrichissante pour la compréhension du conflit. Les échanges avec mes collègues internationaux d'Oxfam ont également été très utiles pour saisir les différents contextes dans nos pays respectifs. Sans aucun doute, ce que nous avons vu, entendu et fait là-bas ne pourra que renforcer notre plaidoyer ici.