Depuis quelques jours, suite à l’annulation d’une publicité lors de la soirée des Oscars faisant la promotion des couches post-accouchement, de nombreuses femmes ont décidé de briser le silence sur cette étape de la vie. Sur les réseaux sociaux, elles ont publié leurs témoignages sous le hashtag #MonPostPartum. Port de couches, points de sutures douloureux, solitude : de nombreux témoignages qui rappellent le poids de la maternité et l’isolement ressenti par les femmes. Loin d’être anodin, ce poids de la maternité est l’une des causes principales des inégalités que subissent les femmes sur le marché du travail.
Oxfam défend une solution concrète : l’allongement du congé paternité.
Ce que nous dit le hashtag #MonPostPartum
#MonPostPartum : les femmes brisent le tabou de la maternité
Depuis quelques jours, la parole s’est libérée sur les difficultés auxquelles font face les femmes suite à l’accouchement : saignements, port de couches, douleurs liées à l’épisiotomie, dépression, charge mentale. En France, ce sont des militantes féministes qui ont lancé le hashtag #MonPostPartum dont Illana Weizman ou encore Masha Sacré. Cette mobilisation a permis de briser le tabou sur cette étape de la vie des femmes, dont les réalités sont souvent passées sous silence et enjolivées.
Un hashtag qui met la lumière sur les inégalités entre les femmes et les hommes
Le hashtag #MonPostpartum met la lumière sur une réalité connue : l’inégal partage des tâches au sein des foyers et le poids disproportionné de la maternité pesant sur les femmes.
Ce constat, Oxfam l’avait dévoilé dans son rapport annuel sur les inégalités « Celles qui comptent » : dans le monde, les femmes assurent plus des 3/ 4 du travail domestique non rémunéré. Même inégalité en France : les femmes françaises consacrent en moyenne 1h26 par jour aux tâches domestiques de plus que les hommes.Cette assignation aux tâches domestiques et à la maternité est l’une des principales causes des inégalités économiques que subissent les femmes.
- Le « risque maternité » : du fait d’une plus longue absence lors du congé maternité et d’un impact plus fort sur les horaires de travail des femmes, les employeurs préfèrent embaucher et promouvoir des hommes – moins impactés par les obligations de la parentalité. Pour de nombreuses femmes, la maternité est en frein à l’évolution professionnelle et la cause des inégalités de salaires.
- L’assignation à des contrats précaires : la faiblesse des congés parentaux associée à un manque d’infrastructures d’accueil des enfants poussent les femmes à privilégier les emplois à temps partiels pour pouvoir articuler vie familiale et vie professionnelle. Contrats précaires et carrières hachées, un prix cher à payer qui se fait sentir tout au long de leur vie professionnelle mais aussi au moment de la retraite.
L’urgence d’allonger le congé paternité en France
La France mauvais élève européen
La France, avec son congé paternité actuellement à 11 jours calendaires, figure parmi les mauvais élèves européens.
Le 23 septembre 2020, le président de la République Emmanuel Macron a annoncé un allongement de la durée du congé paternité en France, à 28 jours mais avec seulement 7 jours obligatoires. Si ce premier pas est le bienvenu, il reste encore insuffisant. La France reste très loin du peloton de tête au sein de l’Union Européenne :
- L’Espagne a un congé paternité de 12 semaines et devrait passer à 16 semaines – la même durée que la mère biologique – en 2021.
- La Finlande a un congé paternité de 9 semaines. En Finlande, le nouveau gouvernement a annoncé son intention d’allonger à sept mois les congés parentaux à partir de 2021. Un congé égal aux deux parents et indemnisé. Jusque-là, les femmes disposaient de 4 mois, et les hommes 2 mois (un congé déjà largement supérieur à la France).
- Le Portugal n’est qu’à 25 jours mais avec 20 jours obligatoires.
Par ailleurs, il ne faut pas oublier que la France, par la voix d’Emmanuel Macron, s’était opposée en 2018 à un projet de directive européenne pour réformer de manière ambitieuse le congé parental.
Oxfam appelle donc à un allongement significatif du congé paternité, obligatoire et rémunéré, pour réduire les inégalités entre les femmes et les hommes. Un rapport de 2018 de l’inspection générale des affaires sociales (IGAS) recommande un congé paternité de 6 semaines, obligatoires et entièrement rémunéré. Une telle mesure est présentée comme une mesure forte pour lutter contre les inégalités entre les femmes et les hommes.