Une France à CAC 40 degrés

Dans leur course au profit à tout prix, les entreprises du CAC 40 nous mènent droit vers un réchauffement climatique à +2,7°C. C’est que révèle le nouveau rapport d’Oxfam France « Une France à CAC 40 degrés : les investissements verts loin derrière les actionnaires ».

Loin de respecter l’Accord de Paris, les grandes entreprises françaises continuent de privilégier la rémunération des actionnaires au détriment des investissements dans la transition.

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Une France à CAC 40 degrés : les chiffres clés

  • En 2022, les entreprises non financières du CAC 40 ont versé près de 4 fois de plus de dividendes à leurs actionnaires qu’elles n’ont investi dans la transition écologique.
  • En 2022, le CAC 40 affichait un niveau moyen d’investissements verts à 11%, soit bien moins que la moyenne européenne à 15%.
  • Les entreprises du CAC 40 sont collectivement sur une trajectoire de réchauffement planétaire de 2,7°C.
  • Les 4 entreprises non financières les moins alignées avec l’Accord de Paris sont TotalEnergies, Safran, Airbus et ArcelorMittal. Celles qui sont le plus susceptibles de respecter l’Accord de Paris sont Alstom et Legrand.
  • Les 3 entreprises françaises (non financières) avec la plus grande empreinte carbone sont Stellantis, TotalEnergies et Airbus.

Les entreprises du CAC 40 ne sont toujours pas alignées avec l’Accord de Paris

Le CAC 40 continue de faire exploser le thermomètre : selon le rapport d’Oxfam, les entreprises du CAC40 seraient collectivement sur une trajectoire de 2,7°C, loin de respecter les objectifs de l’Accord de Paris. Un tel niveau de réchauffement exposerait 2,1 milliards de personnes à des températures extrêmes.

Parmi les entreprises dont la note d’alignement climatique est la plus inquiétante, on retrouve TotalEnergies, dont l’activité est majoritairement tournée vers les énergies fossiles, l’aciérie ArcelorMittal, le constructeur d’avions Airbus et le constructeur aéronautique Safran. Celles qui sont le plus susceptibles de respecter l’Accord de Paris sont Alstom et Legrand.

Le rapport d’Oxfam relève par ailleurs une avancée concernant la transparence du bilan carbone des entreprises du CAC 40. Alors qu’en 2020, seules 10 entreprises fournissaient un rapport exhaustif de leur bilan d’émissions de gaz à effet de serre, désormais plus de 37 entreprises le font. Toutefois, si la transparence du bilan est un élément nécessaire, il n’est absolument pas suffisant pour engager une réduction des émissions de gaz à effet de serre.

CAC 40 : des bénéfices qui explosent, des investissements verts moins prioritaires

En 2022, les entreprises du CAC 40 ont versé près de 4 fois plus de dividendes (et rachats d’actions) à leurs actionnaires qu’elles n’ont investi dans la transition écologique. Cette même année, le CAC 40 affichait un niveau moyen d’investissements verts à 11%, soit moins que la moyenne européenne à 15%. Pourtant, en parallèle, les bénéfices du CAC 40 ont explosé en quelques années.

Les entreprises de l’agroalimentaire sont parmi les mauvais élèves en matière d’investissements verts. Danone, Pernod Ricard et Carrefour ont respectivement versé 420, 41 et 22 fois plus de dividendes à leurs actionnaires qu’elles n’ont investi dans la transition écologique.

En continuant de privilégier un modèle court-termiste qui profite majoritairement aux actionnaires, les entreprises du CAC 40 font passer au dernier plan la transition écologique pourtant indispensable aux entreprises elles-mêmes.

Une autre voie est possible afin d’engager une transformation juste et durable : faire porter le coût de la transition par la modération des dividendes versés aux actionnaires et leur réorientation vers les investissements verts. En 2022, 32 % des dividendes et rachats d’actions versés aux actionnaires du CAC 40 auraient ainsi suffi à couvrir leurs besoins en investissement dans la transformation écologique.

Nos recommandations

Oxfam France demande notamment au gouvernement de :

  • Mettre en place une éco-responsabilité contraignante pour les grandes entreprises : une stratégie climat 1,5°C alignée avec une trajectoire mondiale de réduction des émissions de GES en valeur absolue (scopes 1-2-3) dès l’année 2024 et d’au moins 50 % d’ici 2030, mais variable selon le secteur d’activité de l’entreprise.

Oxfam France exhorte également les entreprises à :

  • Encadrer la part des bénéfices allouée aux actionnaires via notamment la mise en place d’un dividende sociétal ou écologique, en suivant l’exemple des dividendes sociétal et écologique mis en place pour le Crédit Mutuel et la MAIF, pour consacrer une partie des bénéfices des entreprises à la transition écologique et sociale.

L’ensemble de nos recommandations est disponible dans notre rapport.

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> Les réponses et commentaires des entreprises sont disponibles ici.

Auteur :

Oxfam France

Date de parution : 

Mai 2024